10 photographes du Collectif Génération Elili ont travaillé sur le thème de l’autonomisation de la femme, et une sélection de leurs photos sera exposée au festival « Les Afrikales » qui a lieu en basse-Normandie du 1er au 31 octobre 2011 (toutes les infos ici: http://lesafrikales.free.fr/ ). Nous publions sur notre blog les sujets abordés.
ETUDIANTES A BRAZZAVILLE
Le Congo compte, d’après le recensement de 2007, plus de 3,5 millions d’habitants, dont environ la moitié de femmes.
Les rapports hommes /femmes y sont encore assez traditionnels et conservateurs, l’homme étant en général considéré comme le pourvoyeur d’argent et la femme comme la gardienne du foyer.
Cependant, plusieurs facteurs, dont l’urbanisation poussée du Congo, l’accès à la télévision et à internet, les difficultés croissantes des hommes à apporter à eux seuls l’argent pour la famille, le taux de scolarisation élevé des filles, bouleversent ce schéma traditionnel.
Une des manifestations de ces changements pourrait être le fait que de plus en plus de femmes entreprennent des études. Les établissements d’enseignement universitaire ne se trouvant qu’à Brazzaville, celles du reste du pays doivent s’y installer, amorçant ainsi une certaine autonomie vis-à-vis de leurs parents, leur famille ou même leur petit ami.
A Brazzaville, sur une population de près de 14000 étudiants en 2007, un tiers étaient des étudiantes.
Aujourd’hui, elles se prénomment Gastia, Prudence ou Réghina, et ont entrepris des études plus ou moins longues. Elles viennent de la classe moyenne ou aisée, sont en grande majorité soutenues par leurs parents proches, et sont également boursières. En complément, un oncle en France pourra également envoyer des livres, une association religieuse apporter un soutien ponctuel…
Toutes ont parlé de courage et de détermination. Elles peuvent subir une pression sociale, notamment pour celles qui choisissent un cursus long. « quoi ? tu dois faire 8 ans d’études ? mais tu ne te gênes pas ! tu devrais plutôt trouver un mari et faire des enfants ».
Elles s’interrogent sur la possibilité de trouver ensuite un mari, même « intellectuel », mais reconnaissent que de plus en plus d’hommes cherchent des femmes qui travaillent et qui peuvent apporter leur part financière pour « l’harmonie et l’entraide dans le couple». Il est vrai qu’en discutant avec les hommes congolais une des récriminations contre les femmes est qu’elles demandent toujours de l’argent.
Il restera aux hommes à envisager un partage des tâches ménagères pour que le Congo entre de plein pied dans le 21ème siècle !
Emilie Wattellier
Brazzaville,
septembre 2011